Souvenir de ma maison

Bâtie en vieilles pierres grises
Au bout du village, tu étais assise
Ni élégante, ni jolie, sans blason
Belle cependant car tu étais ma maison.
Berceau de mes premiers ans, fierté de nos aïeux
Bien tragique, hélas, fut ton destin malheureux
Car des mains étrangères et criminelles
Maniant de terribles engins
Crachant le feu, oh ! non pas en vain
N’ont point voulu que tu fus éternelle.
Adieu donc ! mon cher home
A la folie des hommes,
Tu payas cher la rançon
En faisant de toi-même le don
Afin de ne plus jamais voir, Seigneur
Pareil enfer sur terre
Et victimes de telle furie
De familles sans logis
De village sans maison.

Joseph THOMET

Souvenir de mon village

C’était un village, comme tant de villages de France
Il était là-haut, dominant, tout près des bois
On l’appelait Soubeyrand.
Il n’était peut-être pas bien beau
Avec ses toits de bois, ses maisons parfois tordues
Ses ruelles étroites et en pente
Qui firent la joie de nos glissades d’enfants
Ses coins et ses recoins, repaires de nos jeux
Refuges de nos premières amours.
Le temps bien vite a passé
Mais les souvenirs, eux sont restés.
Et puis la guerre est venue
Et puis les bombes et puis les obus !
Avec sa vieille chapelle, bon vieux Saint Nicolas
Deux petites maisons semblant fuir l’orage ont survécu
Et sa vieille fontaine mutilée
Semble pleurer seule, au milieu de tant de ruines
Adieu donc mon village
Adieu donc mon cher village
Et au-revoir claire fontaine
Qui par ton glouglou
Tant de fois berça mon sommeil

Joseph THOMET